Lutte anti-drogue

La drogue en milieu scolaire

 Un phénomène de plus en plus inquiétant

La consommation de la drogue en milieu scolaire devient un phénomène récurrent et inquiétant au pays des Hommes intègres. Auparavant, tristement observée chez les adultes, aujourd’hui, elle est devenue un jeu dangereusement banal chez les adolescents. Pire, le phénomène siège progressivement au sein des écoles qui sont pourtant les fabriques des futures élites du pays.

Des salles de classes sont de fois transformées regrettablement en des ‘’fumoirs ‘’ pendant les heures dites « creuses ». Les chiffres des enquêtes réalisées quelques années plutôt font froid au dos, lorsque nous savons la destination forcée vers laquelle les stupéfiants dirigent leurs victimes. Le 30 octobre 2021, lors d’un atelier initié par les animateurs de la vie scolaire du Burkina Faso au lycée municipal Vénégré à Ouagadougou, Yampa Boureima, conseiller d’éducation dans la région du Centre-Nord, disait avec regret : « jusqu’à une époque récente, on pensait être sur la voie pour éliminer le phénomène (la drogue(Ndlr)). Maintenant, nous avons vu que ce n’est pas le cas. Au contraire, ça s’augmente de jour en jour

Une enquête réalisée en 2019 dans le Centre-Nord par l’Académie nationale des sciences, des arts et des lettres du Burkina indique que sur 126 élèves du primaire enquêtés, 3,17% ont déclaré avoir consommé de la drogue. Pour le secondaire, le taux est de 3,38% sur un échantillon de 207 élèves. Pour la ville de Fada, le chef du service régional de la police judiciaire (SRPJ) de Fada, Jean Guy Iliboudo a estimé que 2/3 des établissements secondaires de la ville de Fada N’Gourma et ses environs sont touchés par le phénomène de la drogue.

Cas spécifique de la ville de Ouagadougou

Si la consommation de la drogue en milieu scolaire frappe toutes les villes et environnants du Burkina Faso, le phénomène semble plus sérieux au sein des lycées de la ville de Ouagadougou. Lentement mais sûrement, bon nombre d’enfants deviennent des véritables proies de la drogue qui finira malheureusement par les bouter hors des classes si rien n’est fait avant qu’il ne soit trop tard.

Selon le commissaire de police Soumayila Bamouni, 241 élèves ont été arrêtés en 2021 pour consommation de drogue par l’unité de police anti-drogue. Il précise qu’il s’agit seulement des chiffres pour l’unité anti-drogue et que d’autres chiffres des autres démembrements peuvent s’ajouter. Effectivement, puisque déjà en 2019, une enquête réalisée dans 11 établissements publics et 15 autres privés de Ouagadougou a révélé que sur 2079 élèves, 127 ont déjà consommé la drogue. Aussi, sur la base des témoignages des chefs d’établissements, il ressort qu’en 2020, une dizaine d’élèves ont été renvoyés pour consommation de drogue dans des écoles à Ouagadougou et six élèves ont été exclus dans un même lycée pour les mêmes causes.

Quels sont les types de drogues que les élèves consomment ?

Le type de drogue que les élèves consomment dépend d’abord du rang social de ces derniers. Le prix de certains types de drogue n’est pas à la portée de la majorité des élèves ‘’amateurs’’ qui se contentent de ce qui leur est accessible. Ainsi, selon une enquête réalisée il ya quelques années, l’alcool est la substance la plus consommée par les élèves (34,14%), ensuite vient le tabac (10,16%), les somnifères et tranquillisants (5,12%) , les autres substances (7,1%) et le cannabis vient en dernière position, bien-sûr à cause de son coût (1,73%).

Comment les élèves entrent dans ce cercle vicieux ? La cause principale qui peut être liée au phénomène est l’ignorance des effets néfastes de celui-ci. Beaucoup d’élèves ignorent que le semblant bien-être que cette substance offre au départ n’est qu’un appât pour mieux broyer sa victime par la suite. à cette cause s’ajoutent la curiosité et la pression des pairs. Selon les psychologues, on note aussi des antécédents familiaux, l’anxiété et la dépression.   Du point de vue du Président de l’association Liaison universelle pour le bien-être des enfants et des jeunes, il ya « un problème de stratégies nationales en matière de lutte contre la consommation de la drogue. » il estime qu’il faut reformer la loi anti-drogue.

Quelle sont les conséquences de la drogue en milieu scolaire ?

 

           Selon le Chef de service psychiatrique de l’hôpital Yalgado, Pr. Karfo Kapouné, la première conséquence de la consommation de drogue pour un élève, est la baisse du rendement scolaire. Il précise aussi que le cannabis peut être à l’origine d’une grave maladie appelée « schizophrénie ». Aussi, nul doute que l’élève qui s’adonne à la consommation de la drogue risque de quitter les bancs et s’adonner à l’incivisme ou semer la violence au sein des écoles.

          Au vu de ses conséquences alarmantes, la question de la consommation de la drogue en milieu scolaire doit être traitée avec toute la rigueur possible au risque d’agir en « médecin après la mort. »

                                                          Par Barnabé NAMOUNTOUGOU

Lutte contre la drogue en milieu scolaire

Le SP/ CNLD échange avec les élèves du collège Saint Jean-Baptiste de la Salle.

Le secrétariat permanent du comité de lutte contre la drogue (SP/CNLD) a tenu le vendredi 03 mars 2023 au collège Saint Jean-Baptiste de la Salle de Ouagadougou une journée d’échanges avec les élèves dudit établissement. Il était question de les sensibiliser sur les méfaits de la consommation de la drogue.

Sur invitation des responsables de l’établissement, le SP/CNLD entendait sensibiliser les élèves sur les conséquences qui découlent de la consommation de la drogue. Ils partent du constat que la drogue a envahi les établissements scolaires du Burkina et dans le souci de préserver leur avenir, d’où cette invite à la structure à partager son expérience et ses connaissances. Une invitation bien accueillie par le secrétariat permanent qui lutte contre ce fléau dans les milieux scolaires et universitaires.

Selon le contrôleur général de police Emanoël Kaboré « de nombreux jeunes s’adonnent à la consommation de la drogue tout en ignorant les conséquences ». Deux heures durant la structure a tenu à informer et sensibiliser les élèves du premier cycle en particulier. L’équipe d’animation des classes de 5e C et 3e C a permis aux élèves de définir ce qu’est la drogue.

Au vu de la clarification des différentes notions de la drogue, le sergent-chef de police Valérie Ouédraogo, une des animarices, par ailleurs membre du département des études de la planification et du suivi-évaluation, la drogue peut être définie comme « une substance naturelle ou fabriquée qui modifie le fonctionnement du cerveau et le comportement de la personne qui l’absorbe ». Les apprenants ont été interpellés sur les effets néfastes de la drogue. Le cannabis, la cocaïne, la codéine, la chicha, le tabac, la cigarette, le café, l’héroïne, l’alcool restent une liste non exhaustive de drogue dressée par ces derniers. Plusieurs raisons expliqueraient la consommation de ces stupéfiants. En l’occurrence l’échec scolaire, les angoisses de la vie, le stress, la curiosité, la mode, la pauvreté. Cependant, ces produits ne sauraient résoudre aucun problème ont-ils soutenu.

Le commissaire principal de police, Boukary Traoré, un des animateurs, dit encourager les élèves à ne pas décourager leurs parents. « Prenez à bras le corps vos études » a-t-il indiqué. Toute réussite ne provient pas seulement de l’école, mais elle contribue de nos jours à 80% de la réussite d’un individu. Boukary Traoré pense que les diplômes sont importants et aident à accéder à de grands postes dans la fonction publique ou privée, même dans l’entrepreneuriat. La consommation de ces substances engendre toujours des conséquences néfastes à court ou à long terme.

Les raisons avancées par certains jeunes pour consommer les drogues peuvent trouver leur solution autrement. Face à un problème, « je vous conseille de vous adresser à un adulte avec lequel vous vous sentez mieux » conseille le commissaire principal de police. M. Traoré propose soit « un parent, un enseignant, un éducateur social…, pour exposer franchement le problème. Vous trouverez alors la meilleure la solution ».

 

A l’issue des échanges, le contrôleur général de police Emanoël Kaboré et ses collaborateurs ont affirmé leur satisfaction pour la tenue effective de l’activité.

 

                                                                                             Delima   ROUAMBA

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