Jubilé d’albâtre de la JEC

75 ans d’existence au service de l’Église et de la société 

1948-2023, voilà 75 ans que de la Jeunesse Étudiante Catholique (JEC) a pris ses marques au pays des Hommes intègres. Dans le cadre de la célébration de cet événement grandiose, les états généraux de ladite structure se sont tenus du 23 au 26 mars 2023 au Centre spirituel Jean-Paul II de Tanghin, à Ouagadougou. L’événement a réuni plusieurs jécistes, ainés et aumôniers venant des quatre coins du pays, en vue de faire le bilan de ses sept décennies d’existence et d’envisager les perspectives à travers des panels et des conférences.

« La JEC au Burkina Faso, 75 ans au service de l’Église et de la société : bilan, défis et perspective, » c’est le thème général choisi par les jécistes pour célébrer leur jubilé d’albâtre. Le panel inaugural de ce thème a été l’occasion pour les panelistes de revenir sur les actions et acquis de la JEC au Burkina Faso depuis 1960 à nos jour et de dégager des perspectives pour un mouvement plus rayonnant.

Le paneliste principal, François COMPAORE, par ailleurs ancien Secrétaire National de la JEC, est revenu sur l’historique du mouvement, ses actions et ses acquis. À l’en croire, au cours des années 1960, la JEC a travaillé à son autonomie financière à travers les cotisations des jécistes, quand bien même elle serait soutenue par la hiérarchie de l’Église. Car selon lui « si vous voulez être autonomes, vous êtes obligés de ne pas dépendre de quelqu’un. » « Ne pas dépendre de quelqu’un, c’est faire les activités que vous voulez, » ajoute-t-il. Pour un mouvement plus autonome, il suggère donc aux jécistes de voir la cotisation comme un acte de charité.

Un mouvement en plein essor

L’intervention de deux précurseurs, Mme Simone ZOUNDI et M. Jean-Baptiste ILBOUDO a été consacrée à la période de 1960-1970. Selon Mme ZOUNDI, au début, la JEC regroupait uniquement les jeunes garçons. Il fallait attendre une session de sensibilisation à Koudougou pour que la JEC s’élargisse pour prendre en compte les filles. « Depuis lors, nous avons travaillé à la construction de notre mouvement pour être utiles à la société et à nos familles. » a-t-elle fait savoir. La JEC s’intéressait à la vie de l’État et tout ce qui touche à la vie des citoyens. « C’est ainsi que, par notre action, nous avons contribué à lancer l’initiative du Conseil National du Patronat » explique-t-elle. Il y a également d’autres actions telles que la création de la boulangerie biscuiterie le Levant, la création de l’Association des Femmes Chefs d’entreprises etc. Le mouvement a contribué à la formation des hommes capables de réfléchir sur les questions de la société. « La JEC nous a appris très vite à être des hommes susceptibles de comprendre et à prendre des résolutions » se souvient Jean-Baptiste ILBOUDO, il se remémore également que cette période est marquée par la volonté de la JEC de s’étendre à toute la hiérarchie de l’Église catholique, notamment les diocèses.

1970-1980 est une autre période pendant laquelle la JEC à travaillé à imposer sa visibilité dans les lycées et à l’Église à travers ses actions. « Le sacrifice consenti par chacun de nous nous donnait la joie. La discrimination n’avait pas sa place, » se remémore Mme Solange OUEDRAOGO/IRIGA, ancienne Secrétaire Nationale de la JEC du Burkina.

Cependant, cette période n’a pas été sans difficultés pour les jécistes du fait de l’inexistence de la JEC universitaire en son temps, se souvient-elle. Elle conclut en recommandant aux jécistes de rester ferme dans leur foi, car selon elle, « une foi chrétienne, solide et nourrie » permet de surmonter les difficultés.

La période 1980-1990 été marquée par la consolidation des acquis des trente ans d’existence de la JEC au Burkina Faso. Selon MINOUNGOU Christian, ses forces, étaient entre autres son dynamisme, la tenue des instances, sa bonne structuration. « Une structuration pyramidale, avec un cadre d’expression à la base, les cellules, une formation complète : humaine, technique et spirituelle et surtout une méthodologie d’action, le V.J.A (Voir-Juger-Agir) nous permettaient de remplir avec responsabilité nos devoirs. » explique-t-il.

Il évoque cependant des faiblesses telles que le manque d’engagement politique et la formation spirituelle. Aujourd’hui, au regard des exigences du moment, il suggère que la JEC s’appuie sur les Technologies de l’Information et de Communication et en particulier sur la foi pour plus d’efficacité, car dit-il, « tout ce qui n’est pas bâti sur le roc s’écroule. »

La période 1990-2000, a été un temps tumultueux pour le Burkina Faso et donc pour la JEC. Elle fut marquée par l’implémentation du régime du Front populaire dirigé par le Capitaine Blaise COMPAORE. « On était dans la recherche d’une chose et son contraire. Parce que la Constitution du 02 juin 1991 stipulait que tout Burkinabè devait participer à la construction de la Nation et en toute liberté.

Mais c’est au même moment aussi qu’on a constaté les répressions contre les mouvements de jeunesse » se souvient l’Ainé Roger VALIA, ancien Président de la JEC universitaire. Cette période est aussi caractérisée par un brassage avec les Ainés et la diaspora. Toujours selon Le paneliste, les années 90 ont été marquées par des changements de la gouvernance de la JEC tels que l’organisation des Assises Nationales, les rencontres de fin d’année et l’implantation de la JEC dans chaque faculté de l’université de Ouagadougou.

La période 2000-2010 fut marquée par la recherche d’autonomie et des actions de transformation de la société. Pendant ce temps, les jécistes se sont penchés à la recherche d’un siège personnel pour rendre la JEC plus autonome. Ils participaient également à la recherche de résolutions aux différentes préoccupations du moment. Selon Fréderic A. DAMBIRE, ancien Secrétaire National, on note parmi tant d’autres actions, le projet de lutte contre le VIH/Sida, le projet du Dialogue interreligieux et le projet Commission Justice et Paix (CJP). Il y a également la production de certains documents JEC tels que la Bible et la refondation, le flambeau du renouveau et l’école JEC. Cependant, M. DABIRE regrette l’insuffisance de formation à cette époque et la non application du V.J.A qui constituaient une difficulté majeure. Il conclut son intervention par une invite aux jécistes à l’application du V.J.A pour une résolution pacifique des conflits.

Un mouvement qui s’affirme malgré tout

La période 2010-2023 représente l’état actuel de la JEC depuis qu’elle a été transmise à la nouvelle génération. Isaïe OUEDRAOGO, ancien chef de commission intérieur, s’est réjoui du fait que le mouvement est toujours fonctionnel malgré certaines difficultés de la JEC du Burkina. Selon lui, la JEC continue de participer à la construction de la Nation en se prononçant sur les questions d’intérêt national. « la JEC a également eu le courage d’occuper sa place sur la place publique en se prononçant sur certains événements majeurs qui ont marqué la vie de notre pays » a-t-il affirmé. Cependant, il déplore des insuffisances telles que l’abandon de certains projets initiés par les devanciers, le manque de ressources financières, la désertion du milieu scolaire.

Au cours de ces états généraux, les Ainés et les jécistes entendent dégager des perspectives pour un mouvement plus épanoui et plus raisonnant.

                                                                                            Par Barnabé NAMOUNTOUGOU

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