Comment faire face aux difficultés de la vie estudiantine

Enseignements supérieurs :
Comment faire face aux difficultés de la vie estudiantine

Face aux difficultés auxquelles bon nombre d’étudiants font face dans les universités, beaucoup d’entre eux décident, le plus souvent, d’abandonner la partie. Ce lundi 02 octobre 2023, nous avons rencontré Kobouori Marcelin, un étudiant de l’université Joseph Ki-zerbo qui a fait un parcours brillant malgré les multiples difficultés. Il partage son expérience à ses « frères étudiants »

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Canal Educom (C.E: Bonjour Mr !

Kobouori Marcelin (K.M) : Bonjour !

 C.E : Pourriez-vous vous présenter à nos internautes, s’il vous plait ?

K.M : A l’Etat civil, je réponds au nom de Kobouori Marcelin, je suis de la Gnagna, dans la commune de Coalla et plus précisément dans le village de Santiari. Actuellement je fais des études anglophones et je suis en fin de cycle Licence.

C.E : Pourquoi avez-vous choisi de faire des études en anglais ?

K.M : Ça n’a pas été un choix personnel, c’est après quelques conseils de mon entourage que je me suis retrouvé là-bas. Mon choix personnel était de faire des études en Sciences juridiques et politiques. Mais au 21è siècle, le capitalisme a triomphé sur le socialisme et le communisme. Les détenteurs de cette doctrine, ce sont l’Angleterre et les Etats-Unis, c’est pourquoi la langue internationale du business c’est l’Anglais. Il n’y a pas d’institution aujourd’hui qui n’utilise pas l’Anglais comme une langue de premier degré. Tout tourne autour de l’Anglais de nos jours, peu importe que tu sois écrivain, dans la médecine, dans le business. C’est dans ce sens que j’ai embrassé cette filière et je suis à mi-chemin.

C.E : Vous avez dit tantôt que l’Anglais n’est pas votre choix personnel. Ce choix « guidé », n’a-t-il pas eu un impact négatif sur votre évolution ?

K.M : ça n’a pas eu d’impact négatif. J’ai pu comprendre avec ce choix ‘’guidé’’ que ce n’est pas le choix que l’on fait qui nous définit forcement, c’est ce que nous faisons de ce choix qui nous définit. J’ai validé toutes les années, je n’ai jamais été même en session, mais si j’allais me laisser définir par le fait que je n’ai pas eu mon premier choix qui était de faire des études en Science juridiques et politiques, je ne serais pas là aujourd’hui.

C.E : Etes-vous en train de dire qu’il est important pour un nouveau bachelier de se laisser guider dans son choix ?

K.M : ce n’est pas forcément se laisser guider mais il faut plutôt être flexible.  La flexibilité te permet de prendre en compte un certain nombre d’éléments en faisant le choix, parce qu’il y en a qui ne sont pas guidés, qui font leurs choix sans connaitre les tenants et les aboutissants. Mais si on vous explique, vous-même, vous pouvez vous ravisez. Si vous faites un choix et que vous ne savez pas où ça peut vous amenez, vous pouvez le regretter après. Mais il y a aussi des gens dès à la base qui savent ce qu’ils choisissent et qui s’en sortent.

C.E : quelles sont les principales difficultés auxquelles vous avez fait face durant votre parcours ?

K.M : le chemin qui m’a mené jusqu’ici est parsemé de beaucoup d’embuches. Je vais remonter depuis l’acquisition du certificat d’études primaires où j’ai été interné, il y a eu des moments où on n’a pas à manger. On pouvait faire un ou deux jours sans manger. C’était une vie très dure. Pour les études du premier cycle, j’ai été chez un tuteur, c’était à Coalla, (une commune de la province de la Gnagna, Ndlr). Il n’est pas facile d’être chez quelqu’un d’autre puisqu’il faut toujours se réserver et s’adapter à cette famille et allier cette vie avec les études. J’ai fait les études secondaires au Lycée provincial de Bogandé. Là également, j’ai vécu pendant cinq mois chez un tuteur et après j’ai pris une maison avec des co-chambriers. Là aussi, il y a eu des difficultés parce que la distance de là au village, c’était compliqué et les parents ne sont pas nantis. Il m’a fallu souvent sortir pour aller faire du manœuvrage pour pouvoir me nourrir un tant soit peu en attendant que les parents aient de l’argent pour m’en envoyer.  Maintenant, quand j’ai acquis le Baccalauréat, en 2018, je suis venu à Ouagadougou pour les études supérieures. C’est là que d’autres difficultés vont surgir dans ma vie, parce qu’il faudrait taffer pour me nourrir et aussi pour financer mes études. Quand j’étais venu nouvellement, les études n’avaient pas encore commencé et je travaillais la nuit dans le centre industriel de Kossodo, HAGE, de 22h à 5h et le jour je partais monter encore quelque part pour une activité de parking, là-bas, je travaillais de 7h à 18h. Je n’avais plus un soutien financier des parents. Depuis que j’ai franchi la ville de Ouagadougou, c’était la fin de l’assistanat. Donc, quand les cours ont commencé, je n’ai pas pu suivre les cours de la première année. Parce qu’il faudrait emmagasiner autant d’argent pour les moments à venir. Je m’étais affilié à des amis au campus et je prenais les cours avec eux. C’est ainsi que j’ai composé et j’ai validé.  Au fur et à mesure que je travaillais ainsi, le travail avançait et les études aussi avançaient. Mais, à un moment donné, j’ai stoppé le travail de la nuit. Et au parking, on a pu structuré notre temps de travail de sorte que j’aie une demi-journée pour me consacrer à mes études. Donc, toutes les fois que j’ai cours le matin, je monte au parking le soir et si j’ai cours le soir, je monte le matin. C’est ainsi que j’ai travaillé jusqu’à la Licence.

C.E : quel est le secret de votre motivation ?

K.M : ma source de motivation, c’est ma situation sociale, surtout. Mes parents ne sont pas nantis ; mon papa fut un catéchiste, il a été au service de la religion catholique et il n’y a pas de salaire. Il est rentré au village pour la retraite et il cultive juste pour assurer la pitance quotidienne, rien ne va me revenir de ce côté, il n’y a pas d’aide particulière que je puisse avoir de ce côté. Vu que mes parents sont pauvres, je suis d’office pauvre, puisque je suis d’abord au stade d’apprentissage.  C’est cette pauvreté qui me motive, parce qu’il faut rompre ce cercle vicieux, cette logique que mes parents sont pauvres et que moi je ne sois pas pauvre. Je rêve de devenir quelqu’un d’autre. C’est ce qui explique le fait que je bosse dur, parce que pour changer sa vie, une chose est d’avoir les diplômes d’abord et une autre est d’avoir le travail. Mais l’acquisition des diplômes dans notre pays est impérative.

C.E : Quels conseils avez-vous à donner aux étudiants qui baissent les bras face aux difficultés ?

K.M : A l’endroit de mes frères étudiants qui veulent abandonner les études à cause des difficultés, je leur dis que l’abandon n’est pas la solution, il est plutôt la difficulté même. Parce que lorsque c’est difficile, si vous laissez ce que vous faites, ça devient plus difficile. Généralement, c’est quand c’est difficile que nous sommes sur la bonne voie. Quand nous sommes dans la facilité, il faut savoir qu’il y a un problème. Donc, quand on se retrouve dans les difficultés, on est tenu à se concentrer. Tout ce qu’on aspire ne se gagne pas sur un oreiller, ce n’est pas en somnolant qu’on gagne cela. C’est en travaillant dur, surtout quand c’est difficile. C’est ce que j’ai fait et j’ai validé ma Licence avec plus de 14 de moyenne.

C.E : Quelle est la plus grande leçon que vous avez tirée de votre parcours ?

K.M : la plus grande leçon que j’ai tirée de mon parcours, c’est que le travail paye et vous n’avez pas besoin d’explication si vous avez suivi mon parcours.

C.E : Avez-vous un message particulier à l’endroit de nos lecteurs ?

K.M : Je suis très content qu’ils me lisent. Je suis animé d’un immense plaisir pour avoir partagé ce que j’ai vécu avec eux et je leur dis qu’on peut, à tout moment, être courageux de poursuivre nos rêves. L’atteinte de nos objectifs demande du courage. Sans le courage, on ne pourra rien réaliser dans ce monde.

C.E : Merci d’avoir répondu à nos questions.

K.M : c’est moi qui vous remercie !

 

 

Barnabé NAMOUNTOUGOU

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